Calendrier

Blog

Mode et moralité. Le moi dans les choses – Emanuele Coccia

Quand :
12 mai 2016 @ 10 h 00 min – 17 h 00 min Europe/Paris Fuseau horaire
2016-05-12T10:00:00+02:00
2016-05-12T17:00:00+02:00
Où :
EHESS, 105 bd Raspail, salles différentes suivant les séancess
105 Boulevard Raspail
75006 Paris
France

les journées sont réparties de 10h à 13h et de 14h à 17h.

 

Nous avons pour habitude de penser les vêtements comme l’exact opposé de tout ce qui définit notre être moral. Selon nos mythes, le vêtement est le symbole de l’existence post-morale, la marque de la sortie du Paradis, l’évidence que l’homme a quitté une forme de vie où chacun de ses gestes était juste, moral, heureux. Aujourd’hui, la situation s’est inversée : la mode semble incarner le nouveau système de la moralité occidentale, dont elle produit les valeurs et les formes. En héritant des pratiques et des tâches des anciennes techniques morales occidentales, la mode les a objectivées, elle les a transformées en forme des relations avec des objets : les vêtements.

La mode a toutes les raisons de prétendre d’être l’héritière des anciens savoirs moraux de l’Occident. Avant d’autres formes de réflexion, elle a su comprendre que la morale est aujourd’hui question d’identité et non d’action, tout en transformant l’identité dans quelque chose de provisoire, de contextuel et surtout d’impersonnel et d’infiniment transmissible. Tout vêtement est un moi prêt-à-porter, qu’il faudra savoir porter. L’identité n’est ni innée ni produite par l’expérience : elle est un ready-made qui a la consistance d’un habit, qu’on peut s’approprier et dont on peut se libérer. Si l’identité est en elle-même un ready-made, c’est dans le rapport aux choses, plus qu’aux personnes, que se définit la possibilité de devenir moral, car le moi est aussi et surtout dans les choses : et c’est justement dans la mode que tous les objets se présentent comme des sujets (ou des véhicules des qualités morales des sujets).

Partant de ce constat, le séminaire voudrait examiner les principes de cette nouvelle moralité à travers l’analyse des collections des plus grand stylistes des derniers temps (Azzedine Alaïa, Rei Kawabuko, Martin Margiela, Alexander McQueen, Gareth Pugh, Rick Owens, Yves Saint-Laurent, Iris van Herpen etc.) ainsi que des politiques des marques les plus significatives du prêt-à-porter (Benetton, Zara, H&M, Uniqlo).

0