L’été indien : point de ralliement
Hautes Études Manuel nous a organisé un......
Hautes Études Manuel nous a organisé un......
De retour après huit mois sans posts......
De retour des montagnes, notre skateur Arsène......
Avec Manu, on a donné un coup......
Organisation : Frédérique Aït-Touati, Constance Barbaresco, Francesca Mambelli, Violeta Nigro-Giunta et Clara Zgola.
Cette journée annuelle, composée de communications courtes et structurée autour de six thèmes fédérateurs – « autorité et musique », « images sociales », « littérature et pratiques urbaines », « invention d’un objet esthétique » et « arts et sciences » – sera l’occasion de prendre connaissance des travaux des membres du CRAL et d’échanger sur les questions et problématiques scientifiques qui nous rassemblent.
Dans ce séminaire, nous nous demanderons s’il existe une expérience intrinsèquement esthétique, et comment il convient d’en rendre compte du point de vue de la philosophie de l’esprit et des sciences cognitives. L’expérience esthétique est-elle une forme de perception, d’émotion, ou les deux à la fois ? Révèle-t-elle des valeurs, esthétiques ou non, et si c’est le cas, est-ce au niveau de ce qu’elle présente ou du mode psychologique ou intentionnel dont elle relève ? La thèse que nous explorerons dans le séminaire est que la relation entre l’expérience et les valeurs esthétiques est plus ténue qu’il n’y paraît, et que la nature esthétique de l’expérience en question dépend essentiellement du contexte. Cette thèse, qui rapproche l’expérience esthétique de ce que les psychologues appellent une expérience métacognitive, est conciliable avec le réalisme des valeurs esthétiques. Nous tâcherons de dégager la nature des paramètres contextuels pertinents, en nous demandant s’ils concernent l’individu seulement ou également son environnement social. La relation entre l’expérience esthétique et l’appréhension de soi-même dans le monde naturel et social sera également abordée.
Le séminaire – ouvert à tous – proposera d’élargir aux conditions d’énonciation (situation/s, langue/s, localisation) la réception et la production de séquences langagières. Une problématique fondamentale qui s’impose dans des situations interlinguistiques et interculturelles afin de mesurer la compréhension entre co-énonciateurs dans une langue comme le français qui est notre point de repère.
L’identité menstruelle dans l’art contemporain
En réfléchissant sur l’identité organique féminine, cette proposition d’intervention entend discuter la présence du sang menstruel dans certaines créations artistiques contemporaines : Red is the colour d’Ingrid Berthon-Moine, Casting Off My Womb de Casey Jenkins, Seeing Red Project d’Anna Gibson et Johanna Samuelson ; Amen d’Aline P., Isilumo siyaluma de Zanele Muholi et Je ne peux pas m’empêcher de m’écouler et Offrande à Iemanjá de Daniella de Moura. Le sang est une substance symboliquement complexe, qui est à la fois ce qui salit et ce qui nettoie, ce qui rend impur et ce qui purifie. Le sang versé criminellement, ou lors d’un accident ou d’une maladie, représente le danger venu de l’extérieur de l’identité, le Soi menacé par l’Autre, la société menacée par son dehors, la vie par la mort. Le sang menstruel, au contraire, représente le danger venant de l’intérieur de l’identité, il menace le rapport entre les sexes face à la différence sexuelle. Le sang menstruel établit l’identité et la différence sexuelle, symbolisant le conflit permanent de l’interdit sur le corps de la femme. Le sang menstruel induit une substance organique et un état affectif déterminant qui évoque un ordre caché de l’oeuvre, une sorte de secret du corps que les artistes débordent jusqu’à l’épiderme de l’image. Nous verrons comment le corps mis en crise par ses humeurs menstruelles ouvre alors une brèche dans le corps social. Le spectateur est invité à discerner dans sa trame l’expérience esthétique d’un corps singulier vers l’élucidation d’une lecture plus politique, celle d’un corps collectif.
Représenter l’Autre : usages des images anthropologiques dans les catalogues des expositions internationales d’art contemporain
La relation entre art et anthropologie est depuis longtemps adossée à l’histoire de la discipline et s’incarne d’abord dans les musées d’ethnographie, premiers témoignages de l’intérêt que porte l’Occident pour l’Autre. Ces musées traversent une crise lorsque, dans les années 1980, certains chercheurs issus des cultural studies critiquent d’une part, la spoliation et la decontextualisation des objets et artefacts, d’autre part leur statut, figé dans un « présent ethnologique» (Clifford, 1988), rendant impossible leur accès à la modernité. Cette période est également marquée par les premières incursions de l’ethnographie dans les expositions d’art contemporain, témoignant d’une tendance nouvelle, celle d’élever les objets et images au rang d’oeuvres d’art. Malgré les critiques, Jean-Hubert Martin insuffle au monde de l’art contemporain une démarche nouvelle, celle de vouloir placer l’art occidental et extra-occidental sur la même échelle de valeur. Dès lors, de nombreuses expositions d’art contemporain ont porté un regard anthropologique sur la création artistique internationale, en articulant oeuvres d’art et images ethnographiques, alimentant leur discours sur la mondialisation de l’art et l’altérité des textes anthropologiques fondateurs. Dans le but de faire émerger le contenu de telles représentations, cette communication mettra en exergue les différents usages des images anthropologiques au sein de trois expositions internationales d’art contemporain (Magiciens de la Terre, 1989, Partage d’exotisme, 2000, et Intense Proximité, 2012). Notre étude portera spécifiquement sur les catalogues, dispositifs complexes, à la fois traces et incarnations des expositions, constituant le « matériel d’une histoire et d’une science de l’art » (Marin, 1975). Enfin, nous tenterons de faire émerger les imaginaires véhiculés au sein de ces expositions.
Répondant – Discussant : PATRICIA FALGUIÈRES (EHESS – CESPRA)
Après avoir consacré deux années aux fondamentaux des esthétiques cinématographiques que sont la temporalité et la spatialité, on étudiera cette année sous quelle forme ces deux faces de l’ontologie du flux cinématographique entrent dans les diverses manières selon lesquelles les philosophes ont pensé le cinéma. L’hypothèse est qu’à ce jour les grandes « philosophies du cinéma » ont toujours été des mises en œuvre d’esthétiques cinématographiques spécifiques, et donc de manières spécifiques de conjoindre la question de la temporalité et de la spatialité. Chaque philosophie de ce type construit du même coup, soit explicitement soit en creux, une histoire spécifique du cinéma. En partant d’une analyse de trois figures marquantes dans le champ de la philosophie du cinéma, à savoir Kracauer, Deleuze et Cavell, ainsi que des implications esthétiques et historiographiques de leurs conceptions, on tentera en un deuxième moment de dégager les bases d’une philosophie « descriptive » du cinéma (en prenant appui notamment sur certains travaux menés en philosophie analytique tels ceux de Greg Currie et de Noël Carroll).