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2015-11-25_couv

Écrire – 2015 11 25

A/ email du 22.11.2015 à 09h30

 

Bonjour,

Pour notre séance du mercredi 25 novembre, je suggère que vous regardiez La Métromanie d’Alexis Piron (aisément accessible en ligne, sur Gallica ou autre). Des extraits, distribués mercredi dernier, sont joint à ce message. Il serait agréable d’en discuter un peu, avant de passer à Paludes de Gide et aux pages de Barthes déjà indiquées (La Préparation du roman. Cours au Collège de France 1978-1979 et 1979-1980, Seuil, 2015; particulièrement séance du 1er décembre 1979 : «Le désir d’écrire»).

Le cours d’Antoine Compagnon auquel je renvoyais la semaine dernière est consultable à:

http://www.fabula.org/compagnon/auteur7.php

La suite de ce message s’adresse aux étudiants de Master.

Bon dimanche

Philippe Roger

 

AUX ETUDIANTS DE MASTER SOUHAITANT VALIDER MON SEMINAIRE

1) avant tout, me signaler par mel (roger@ehess.fr) votre intention de valider, en précisant à quelle formation de Master vous appartenez et le nom de votre tuteur/tutrice
2) me proposer (toujours par mel), quand vous y aurez réfléchi, un sujet que vous souhaiteriez traiter et sur lequel je dois vous donner mon accord. Proposition préalable et accord sont indispensables.
3) Nature du travail :
• ce travail de validation doit être un travail original, c’est-à-dire bien sûr «personnel» (voir la section traitant du plagiat dans la présentation du Master) mais aussi conçu et rédigé spécialement pour le séminaire à valider (un même travail ne peut tenir lieu de validation pour deux séminaires différents).
• il peut s’agir
- soit d’un mini-essai sur un thème et un corpus en rapport avec le sujet du séminaire (c’est donc vaste !)
- soit d’un compte rendu analytique et critique d’un ou plusieurs ouvrages de critique ou de théorie littéraire.
• longueur : une dizaine ou douzaine de pages (autour de 20 000 caractères) ; la solide structuration de la réflexion importe davantage que la longueur.
• date de remise : 20 février 2016.
Les travaux peuvent encore être acceptés au-delà de cette date, mais il est de votre responsabilité de vérifier les calendriers des formations auxquelles vous appartenez, à l’EHESS ou hors Ecole, et de respecter les exigences propres à ces formations.
• format : document Word (PAS de PDF, ni aucun autre format empêchant ou compliquant l’annotation au fil du texte).

RAPPEL IMPORTANT (qui vaut pour tous les séminaires que vous suivez à l’Ecole) :

la présence régulière au séminaire fait partie intégrante du cursus et est donc requise. Je n’accepterai pas les travaux de validation en cas de présence erratique non justifiée par des raisons impératives (emploi ou santé),

 


 

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B/ notes et mots

Alexis Piron, La Métromanie (1738)
Les tablettes de bois + cire blanche

 


 

 

C/ Extrait Métromanie

 

Alexis Piron, La Métromanie (1738)

1, 1 [portrait du poète Damis par le valet Mondor]

MONDOR

Oh ! c’est ce qui n’est pas facile à peindre, non :

Car, selon la pensée son esprit se plonge,

Sa face, à chaque instant, s’élargit ou s’allonge.

Il se néglige trop, ou se pare à l’excès.

D’état, il n’en a point, il n’en aura jamais.

C’est un homme isolé qui vit en volontaire;

Qui n’est Bourgeois, Abbé, Robin, ni Militaire ;

Qui va, vient, veille, sue, &, se tourmentant bien,

Travaille nuit & jour, & ne fait jamais rien :

Au surplus, rassemblant, dans sa seule personne,

Plusieurs originaux qu’au Théâtre on nous donne ;

Misanthrope, Etourdi, Complaisant, Glorieux,

Distrait…. ce dernier-ci le désigne le mieux.

Tenez, s’il est ici, je gage mes oreilles

Qu’il est dans quelque allée, à bayer aux corneilles

S’approchant, pas à pas, d’un fossé qui l’attend,

Et qu’il n’apercevra qu’en s’y précipitant.

LISETTE.

Mais,… mais je m’oriente au portrait que vous faites.

N’est-ce pas de ces gens que l’on nomme Poètes ?

MONDOR.

Oui.

LISETTE.

Nous en avons un.

MONDOR.

C’est lui

LISETTE.

Peut-être bien.

I, 2

LISETTE.

Faites-vous présenter à lui sous un faux nom.

Ici, l’amour des vers est un tic de famille :

Le Père, qui les aime encor plus que la Fille

Regarde votre Ami comme un homme divin,

I, 3

DORANTE, DAMIS.

DAMIS,rêvant profondément : des tablettes à la main.

Oh ! pour le coup….

( Il écrit sur ses Tablettes)

DORANTE, l’appelant

Damis!….

( S’approchant de lui , & le tirant par le bras. )

Damis , écoutez-moi.

DAMIS

Je fuis furieux. C’est une chose cruelle !

On me heurte ; on me suit; on m’accoste; on m’appelle.

A la fin, je me crois en des lieux bien déserts ;

J’y cherche un mot, je l’ai ; je vous vois, je le perds,

Et je ne finis rien. […]

DAMIS

Qui donc aimeroit, je vous prie ?

La sensibilité fait tout notre génie.

Le coeur d’un vrai Poète est prompt à s’allumer;

Et l’on ne l’est, qu’autant que l’on sait bien aimer.

I, 8

MONDOR

Un Oncle riche & vieux dont votre sort dépend ;

Qui, du bien qu’il vous veut, sans cesse se repent,

Prétendant, sur son goût, régler votre génie ;

De vos diables de vers détestant la manie […]

III, 9

BALIVEAU

Mais les beautés de l’art ne sont pas infinies.

Tu m’avoueras du moins que ces rares Génies

Outre le don qui fut leur principal appui,

Moissonnoient à leur aise, l’on glane aujourd’hui.

DAMIS.

Ils ont dit, il est vrai, presque tout ce qu’on pense.

Leurs écrits sont des vols qu’ils nous ont faits d’avance :

Mais le remède est simple; il faut faire comme eux.

Ils nous ont dérobés ; dérobons nos Neveux

Et, tarissant la source puise un beau délire,

A la postérité ne laissons rien à dire.

Un Démon triomphant m’élève à cet emploi.

Malheur aux Ecrivains qui viendront après moi.

III, 9

DAMIS

On m’ignore; & je rampe encore, à l’âge heureux

Où Corneille & Racine étoient déjà fameux !

BALIVEAU.

Quelle étrange manie ! Eh ! dis-moi, Misérable !

A de si grands Esprits te crois-tu comparable ?

Et ne sais-tu pas bien qu’au métier que tu fais,

II faut, ou les atteindre, ou ramper à jamais ?

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