L’été indien : point de ralliement
Hautes Études Manuel nous a organisé un......
Hautes Études Manuel nous a organisé un......
De retour après huit mois sans posts......
De retour des montagnes, notre skateur Arsène......
Avec Manu, on a donné un coup......
On envisagera la notion d’anthropologie sémiotique à partir de l’idée qu’il existe un matériau signifiant transversal à toutes les pratiques humaines et susceptible d’une diversification progressive en formes autonomes. La continuité entre les pratiques se manifeste d’abord par la parenté expressive de la perception « naturelle » et des formes culturelles, tandis que la diversification des pratiques apparaît à partir du moment où elles deviennent chacune enjeu social. Il en ressort que la perception n’est pas une fonction psychique individuelle et autonome mais une ouverture au monde largement façonnée par des schèmes culturels et des pratiques collectives. Le champ de l’anthropologie sémiotique se dessine alors comme celui des modes d’organisation instituant des valeurs collectives, qu’elles soient langagières, pratiques ou techniques.
Il nous faut « d’autres formes de vie », « d’autres manières de vivre » : voilà comment se formulent aujourd’hui volontiers nos exigences politiques. Ce séminaire entend éclairer ces exigences, en pensant les deux dispositions qui les sous-tendent : celle qui consiste à regarder la vie comme un engagement de formes (des manières d’être et de faire, des gestes, des rythmes, des modes relationnels…), et celle qui consiste à se risquer à poser sur ces formes un regard critique, à engager son jugement et, souvent, sa colère. On entend également montrer que ces dispositions ont une histoire, et que leur articulation est peut-être même définitoire de la vie moderne.
On procédera par études de cas, afin de construire une histoire de cette critique stylistique de l’existence. On lira d’abord plusieurs textes de James Agee qui, avec le photographe Walker Evans, est à l’origine du « style documentaire » et décrit les conditions de vie et de travail de l’Amérique en crise des années 1930, à la fois pour dénoncer ces conditions et pour honorer les vies qui les traversent. On étudiera les textes d’Adorno (notamment les Minima moralia), où s’articulent exemplairement la compréhension de la modernité comme « forme de vie » et la déploration, et même la détestation, de cette modernité – Adorno nous encourageant précisément à réfléchir à ce qu’il peut y avoir de légitime dans le fait même de critique une forme de vie (non une vie, mais une forme de vie). On explorera deux exemples majeurs de « rage poétique », celle qui animait Pasolini (notamment dans La Rabbia, film documentaire mobilisant puissamment la poésie) et celle, tout autre, qui animait Francis Ponge dans La Rage de l’expression, qui a inspiré Bourdieu dans sa façon de définir ce qu’est précisément la « compréhension » en sociologie. On s’interrogera enfin sur les enjeux de la qualification et de la disqualification, lorsqu’elles portent sur les modalités de notres expérience commune, notamment à travers la lecture de l’essai consacré par Jean-Christophe Bailly à la « forme-pays » qu’est la France (Le Dépaysement), et à travers une réflexion guidée par la sociologie pragmatique, attentive à la complexité de la tâche même de qualifier et à ce qui la lie à l’intention de « rendre la réalité inacceptable » (Luc Boltanski, De la Critique).
Le but ultime du séminaire est, à partir d’une culture à la fois littéraire et sociologique dont on souhaite montrer la solidarité, de défendre cette idée : voir les formes de vie (voir cela de la vie), et se donner pour tâche de bien les décrire (ce qui suppose de s’engager soi-même dans le style, avec patience, et sans reculer devant les enjeux axiologiques de cette tâche), c’est toujours aussi en réclamer d’autres.
Ce cours-séminaire entend confronter et si possible rapprocher deux grandes lignes de pensée concernant l’activité de langage – en réalité et plus largement, toutes les productions sémiotiques.
La première ligne replace l’activité de langage au sein d’une expérience génériquement appréhendée comme une perception d’emblée sémiotique : on pose que tout sens doit être perçu dans les formes mêmes où il se dessine, et que de plus ces formes procèdent d’une pluralité de régimes sémiotiques, tendus entre expressivité et normativité.
La seconde ligne considère comme fondamentale la socialité des productions sémiotiques, tant pour la constitution des formes que pour celle des psychismes qui y répondent. Les propositions majeures sont ici celles des théories dialogistes ou polyphonistes, partiellement reflétées dans les linguistiques dites énonciatives, ainsi que dans divers courants de l’analyse du discours.
Le cours exposera quelques-unes des bases nécessaires au montage d’un champ problématique associant ces deux lignes de pensée. D’une part en reprenant des questionnements classiques de la linguistique et de la sémantique textuelle, dans le cadre d’une théorie des formes sémantiques où les champs de significations se laissent appréhender suivant un modèle homologue à celui d’un déploiement perceptif et expressif. D’autre part, en examinant si des notions phénoménologiquement étayées comme celles de sujet de la parole, d’autrui et d’altérité, d’événement expressif, de voix, de phases de l’activité, de modalisation, sont à même d’éclairer cet entrecroisement de dimensions sémiotiques, sociales et subjectives.
On envisagera la notion d’anthropologie sémiotique à partir de l’idée qu’il existe un matériau signifiant transversal à toutes les pratiques humaines et susceptible d’une diversification progressive en formes autonomes. La continuité entre les pratiques se manifeste d’abord par la parenté expressive de la perception « naturelle » et des formes culturelles, tandis que la diversification des pratiques apparaît à partir du moment où elles deviennent chacune enjeu social. Il en ressort que la perception n’est pas une fonction psychique individuelle et autonome mais une ouverture au monde largement façonnée par des schèmes culturels et des pratiques collectives. Le champ de l’anthropologie sémiotique se dessine alors comme celui des modes d’organisation instituant des valeurs collectives, qu’elles soient langagières, pratiques ou techniques.
Il nous faut « d’autres formes de vie », « d’autres manières de vivre » : voilà comment se formulent aujourd’hui volontiers nos exigences politiques. Ce séminaire entend éclairer ces exigences, en pensant les deux dispositions qui les sous-tendent : celle qui consiste à regarder la vie comme un engagement de formes (des manières d’être et de faire, des gestes, des rythmes, des modes relationnels…), et celle qui consiste à se risquer à poser sur ces formes un regard critique, à engager son jugement et, souvent, sa colère. On entend également montrer que ces dispositions ont une histoire, et que leur articulation est peut-être même définitoire de la vie moderne.
On procédera par études de cas, afin de construire une histoire de cette critique stylistique de l’existence. On lira d’abord plusieurs textes de James Agee qui, avec le photographe Walker Evans, est à l’origine du « style documentaire » et décrit les conditions de vie et de travail de l’Amérique en crise des années 1930, à la fois pour dénoncer ces conditions et pour honorer les vies qui les traversent. On étudiera les textes d’Adorno (notamment les Minima moralia), où s’articulent exemplairement la compréhension de la modernité comme « forme de vie » et la déploration, et même la détestation, de cette modernité – Adorno nous encourageant précisément à réfléchir à ce qu’il peut y avoir de légitime dans le fait même de critique une forme de vie (non une vie, mais une forme de vie). On explorera deux exemples majeurs de « rage poétique », celle qui animait Pasolini (notamment dans La Rabbia, film documentaire mobilisant puissamment la poésie) et celle, tout autre, qui animait Francis Ponge dans La Rage de l’expression, qui a inspiré Bourdieu dans sa façon de définir ce qu’est précisément la « compréhension » en sociologie. On s’interrogera enfin sur les enjeux de la qualification et de la disqualification, lorsqu’elles portent sur les modalités de notres expérience commune, notamment à travers la lecture de l’essai consacré par Jean-Christophe Bailly à la « forme-pays » qu’est la France (Le Dépaysement), et à travers une réflexion guidée par la sociologie pragmatique, attentive à la complexité de la tâche même de qualifier et à ce qui la lie à l’intention de « rendre la réalité inacceptable » (Luc Boltanski, De la Critique).
Le but ultime du séminaire est, à partir d’une culture à la fois littéraire et sociologique dont on souhaite montrer la solidarité, de défendre cette idée : voir les formes de vie (voir cela de la vie), et se donner pour tâche de bien les décrire (ce qui suppose de s’engager soi-même dans le style, avec patience, et sans reculer devant les enjeux axiologiques de cette tâche), c’est toujours aussi en réclamer d’autres.